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La crise malienne, une opportunité de renaissance

Le coup d’état en 2012, comme un vent effroyable, mît à nue les faiblesses de l’Etat malien : l’indigence des citoyens, la facticité de la démocratie, la fragilité des liens sociétaux, et l’adynamie de l’armée.

Six ans après, les crises s’enveniment et s’enchevêtrent, terrorisme du Nord, violences communautaires au Centre, querelles politiques, précarité, grèves récurrentes et risque de violence lors de l’élection présidentielle. Le pays dans un imbroglio est assené par cette crise à la fois multidimensionnelle et protéiforme.

La vulgate dépeint un tableau sombre. Certains vaticinent la malemort pour le Mali. Mais n’oublions pas que c’est à travers les crises que les grandes nations se construisent. Derrière l’impasse de la crise et les linéaments d’un sombre future, se cache une aubaine de renaissance.

C’est l’appel du destin qui met au défi, qui éprouve le Mali pour qu’il reparte sur des bases nouvelles et saines. Cette phase inédite de l’histoire que le Mali aborde est une chance pour lui d’apprendre du passé en faisant le contrefactuel de 60 ans d’Independence, de comprendre que le système actuel ne nous sied pas, qu’il est vital de se réinventer, de faire tabula rasa du passé et ne garder que l’utile et le constructif.

C’est le moment pour nous d’aller vers une vraie entente nationale de regrouper les fils et filles du pays pour un nouveau Kurukan fuga, pour rêver ensemble l’avenir du pays, pour mobiliser les forces et les intelligences nécessaires à sa construction. Pour établir un nouveau pacte social qui tiendra place et lieu à la Constitution. Un pacte d’honneur et de sang.

C’est l’opportunité de penser un nouveau type de société basée sur les valeurs de l’humanisme, du travail et du courage. Redéfinir la citoyenneté au-delà des appartenances ethniques. Améliorer notre démocratie en y incorporant nos systèmes de gestion traditionnelle nos règles et valeurs sociétales. Ressuscité notre patrimoine culturel pour consolider la cohésion sociale.

Objectiver une telle réalité n’est possible que par une justice réparatrice. Nous devons nous pardonner tout en punissant les fautifs pour soixante année où la corruption, l’impunité, le favoritisme et le laxisme ont régné. Tourner le dos à cette classe politique qui s’est avéré être en dessous de l’honneur, de la mission patriotique.

Il nous faut le courage de dire non à l’aide internationale qui n’est que tunique de Nessus. Le courage de dire non aux partenariats qui nous desservent, nous essorent. Il nous faut le courage pour marcher seul, de défricher le chemin de notre destin car la solution ne vient jamais de l’extérieur.

Reconnaissons que nous avons fait banqueroute, responsabilisons-nous pour activer et mettre à profit nos potentiels, nos ressources humaines et matérielles.

C’est notre meilleure chance de démontrer notre patriotisme. Mettre notre citoyenneté au-delà de nos communautarismes. Mettre l’intérêt général sur le personnel.

Nous avons bu le calice de la honte et de l’humiliation jusqu’à la lie. Mettons l’honneur qui nous reste dans l’édification de ce pays. Le Mali peut toujours flamboyer, ça ne dépend que de nous. Le Mali en gestation peut accoucher d’une nouvelle société juste, humaniste, et prospère.

Plus que jamais l’histoire lui offre une aubaine de renaitre, par témérité il peut devenir un pays nouveau ou par pusillanimité rester dans la prostration.

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Auteur·e

makaveli

Commentaires

Nabil Moussa TOLO
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J'apprécie le style avec lequel vous abordez ce sujet !
Et il est clair que les grandes nations naissent en période de crise, car en cette période tout est mis en oeuvre pour que le lendemain soit meilleur. Des valeureux guerriers se mettent la pression pour le retour de la quiétude.
Par contre les temps de paix crée des hommes faible car ils n'ont aucune préoccupation que la bouffe, l'eau et la satisfaction de la libido...

Dalla
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J’aime votre vision des choses