C’est un leurre de croire qu’allumer un joint peut éteindre nos tracas et nos infortunes. L’euphorie de la drogue anesthésie nos sensations, noie notre esprit, mais le réveil est toujours brutal et les conséquences de cette virulentes addiction ne tardent pas à se montrer : stress, folie, dépression…
Nos espoirs qui s’envolent en fumée

J’avais juste 20 ou 21 ans je crois. J’étais plein de courage, d’espoir et d’ambition. Je faisais une licence en philosophie à l’université de Bamako. Pourtant même la philosophie ne m’a pas aidé à cette époque-là. Je voyais mon avenir au bord du gouffre, un avenir que j’avais misé sur la réussite dans les études.
Oui je croyais qu’il fallait bien étudier pour avoir un bon boulot afin de s’assurer une meilleure vie. Sauf que l’Etat malien voyait les choses autrement, où disons l’éducation n’est pas une de ses priorités et ce encore maintenant. D’interminables grèves, celles des professeurs ou étudiants avaient lieu toute l’année. Sur les 9 mois d’année scolaire, nous étudions seulement 7 ou 6 souvent.
Mais cette année-là, les grèves furent plus longues. Les professeurs réclamaient des augmentations de salaire, mais leurs doléances tombaient dans les oreilles d’un État sourd, alors ce fut une année blanche ou une année non valide.
Ma déception fut grande surtout face à l’incapacité de payer une université privée. Alors je trouvais réconfort et refuge dans le cannabis, je l’avais découvert avec mon ami Diabi. Il était dans la même situation que moi alors on s’enfermait dans sa chambre pour griller un ou deux joints de temps en temps.
C’était facile à trouver et pas cher avec 100 F CFA on peut s’en procurer et cela partout à Bamako, comme si ce n’était pas prohibé.
La descente aux enfers

Rapidement notre péché mignon est devenu une addiction, de quelque joints il nous fallait fumer constamment pour nous sentir bien. Insomnie, maux de tête, dépression accompagne toujours le manque. A ce stade je voulais vraiment arrêter mais d’insupportables maux de tête me poussaient toujours à rouler et à chaque fois je me disais que c’était le dernier.
Alors que je bataillais pour me sevrer, Diabi était passé à un niveau supérieur. L’effet du THT ne le contentait pas alors il écrasait des cachets de tramadol pour le fumer avec de la marijuana, en plus des bouteilles d’alcool.
Sans le savoir il avait franchi la ligne rouge, j’aurais dû m’en rendre compte mais qui de nous aurait penser que cette douce drogue nous conduirait à ce stade. C’est vrai que souvent je pensais aux conséquences sur la santé physique, mais pas l’addiction, pas les drogues dures.
Surtout dans un pays sans un centre de cure de desintox, ou les centres de prises en charge de problèmes psychiques sont presque inexistants. Par contre, acheter de la drogue est aussi facile qu’acheter une cigarette…
C’est comme cela qu’un matin la maman de Diabi m’interpella. Il avait eu des troubles mentaux et avait quitté la maison depuis 4 jours. Les recherches nous ont conduit à le découvrir nu, sous un pont entrain de divaguer.
Ce jour fut le jour de mon dernier joint de marijuana.

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