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Un lit d’épines

Mariée à 20 ans contre son gré à un homme de l’âge de son père, Marissa nous livre à cœur ouvert ce qu’est de partager sa vie avec une personne que l’on n’aime pas, une vie de mariage forcé.

Une étrange rencontre

La quasi-totalité des passagers sont endormies, une lumière tamisée éclaire insuffisamment l’intérieure du car. A travers les vitres on aperçoit les étoiles et la lune défilées. Enveloppé dans l’obscurité de la nuit douce et profonde, guidés par les seules lumières des phares qui éclairent à quelques mètres la route devant, nous roulons à plus de 90 km/h sur la route reliant Sikasso à Bamako.

Voyage
Voyage Pixabay Images CC

La contingence a fait que ce jour nous nous retrouvions dans le même, car assis l’un à côté de l’autre, destinés à dépenser ensemble les 6 heures du tronçon Sikasso-Bamako. Après quelques minutes de route, ouvertement et librement nous entamions des conversations les plus intimes comme si nous nous connaissions depuis des lustres, moi tel un psychologue, quant à elle, une patiente qui extériorise ses tourments et m’emporte dans l’enfer d’une vie de mariage forcé.

Sacrifice et l’espoir d’une famille

Je n’avais que 18 ans quand je perdu mon père, je suis l’ainée d’une famille 3 enfants toutes filles. Alors très vite ma maman et mes oncles décidèrent de me donner en mariage car seule, elle ne pouvait supporter les charges de trois filles étant elle-même femme au foyer.

Alors mon mariage fut diligenté, pour que mon mari subvienne à mes besoins et ceux de ma famille ; et cela sans me concerter, de toute façon, avais-je le choix ? Alors les voici décider de ma vie comme je n’étais qu’une charge à réduire, à 20 ans je devenais la troisième épouse d’un homme de 55 ans. Et je dû m’y accommodé pour ma famille mais aussi par peur.

Mariage
Mariage Pixaba Images Ccĺ

Enfermé dans une prison à ciel ouvert

Je vis dans une grande famille musulmane de confession sunnite alors je suis obligée de porter le voile, ne pouvant sortir sans approbation de mon mari, tel un ornement, je ne sers que de décoration dans la maison, l’avis l’homme prime à raison ou à tort. Je vis mes jours entre la cuisine et la téloche car même avoir des amis est désapprouvé.

Malgré toutes les commodités et le luxe je suis insatisfaite, insatisfaite car j’aurais voulu aller à l’école, et être institutrice.

Un phallocrate qui manque de virilité 

Mon plus grand rêve est d’avoir un enfant, cela fait plus d’une année que j’essaye mais lui, il a des problèmes. Aussi tu sais qu’avec 3 femmes à 55 ans, on n’a plus la même vigueur qu’un jeune. En plus de ne pouvoir me faire d’enfant je ne connais l’orgasme qu’en rêve.

Desir
Desir Pixabay Images Cc

Je me demande jusqu’à quand je vais pourvoir supporter cette vie, dépossédée de mes libertés, mes rêves avortés, et mes désirs inassouvis. Souvent je pense au suicide, au divorce ou même à l’adultère. J’aimerais moi aussi connaitre la joie de vivre, les plaisirs de la vie. Et toi qu’en penses-tu ?

Ébahis et viscéralement attristé par son histoire je ne savais quoi dire, je n’avais pas les réponses à ses tourments.

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Auteur·e

makaveli

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