La culture malienne se caractérise par son ouverture à l’autre, la générosité et le partage. Sous différentes formes et à travers plusieurs aspects, elle manifeste son oblativité. L’autre donne tout un sens à la vie, car le bonheur se conjugue au pluriel.
Il y a seulement une vingtaine d’année, devant les portes de nos maisons on mettait des « ji daga » : une jarre remplie d’eau a l’intention des passants voulant éventuellement se désaltérer. Les jeunes filles de la famille étaient tenues de la propreté et du remplissage régulier du ji daga et les garçons s’occupaient de l’arrosage des arbres.
Cette pratique aujourd’hui révolue était l’expression de la générosité de notre culture, on supposait qu’une personne ne devait pas avoir à demander ni à souffrir pour trouver de l’eau. Chacun devait pouvoir étancher sa soif, mettre sa tête sous un tronc d’arbre pour trouver de l’ombre, bref, prendre un peu de répit. Les devantures des maisons étaient donc adaptées, tels des oasis.
Il était inconcevable que l’on doivent débourser de l’argent ou peiner pour trouver à boire. La preuve, quand vous entriez dans une famille, avant toute chose on vous apportait de l’eau à boire. Dans notre culture les choses essentielles et indispensables à la vie (eau, nourriture et toit) ne devaient manquer a personne, elles étaient les choses les mieux partagées, des usufruits.
Quelques rares familles continuent à perpétuer cette pratique séculaire, même si pour des questions d’hygiène, dans certains endroits, les jarres d’eaux ont été remplacées par des robinets à l’extérieur des concessions.

Cette pratique est assez simple et lourde de sens : tendre la main à son prochain. C’est l’expression naturelle de nous-mêmes, on considère que ce qui est à soi est aussi pour toute la communauté. Quand il y en a pour un, il y en a pour deux.
Le Mali est le pays du vivre ensemble, différentes ethnies, cultures, traditions… y coexistent, avec comme dénominateur commun la paix et le partage. Nous pensons que nous ne sommes rien sans les autres, « nous venons au monde dans la main des hommes, nous repartons dans la main des hommes ». C’est pourquoi, dans chacune de nos actions, une attention particulière est accordée à l’autre.

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