Makaveli

Facebook : mur des lamentations des Maliens

Les réalités du Mali dépassent les protestations virtuelles de nos web activistes. Les dénonciations sur les réseaux sociaux, ne suffisent pas à améliorer le quotidien des maliens. Oui, on peut changer le monde, mais il faut plus que des publications sur Facebook !

Au Mali, on a l’habitude de dire que Dieu est la cause et la solution de tous les problèmes. Alors espérons que les anges aient des comptes Facebook, afin que le ciel nous entende, Amen.

Facebook est plus que la place publique où on se pavane, où on exhibe à outrance nos petits bonheurs. Aujourd’hui avec la facilité de l’accès à internet et avec les smartphones aux prix abordables, une nouvelle génération de jeunes web activistes voit le jour. Ils scrutent à la loupe la vie politique du pays. Ils protestent, ils dénoncent les moindres écarts du gouvernement, ils revendiquent aussi leurs droits et sensibilisent le peuple.

Le malien a toujours su les cas de corruption, l’incapacité de l’Etat à répondre à leurs besoins quotidiens, comme par exemple la cherté de la vie ou le taux élevé de jeunes chômeurs. Ils se sont toujours plaints, ou plutôt lamentés mais uniquement dans les grins [1] autour d’un thé ! A mon avis les choses n’ont point changé… aujourd’hui ils continuent de se plaindre, mais sur le web.

Personnellement, je reste perplexe sur l’efficacité d’une lutte via les réseaux sociaux. Si les mouvements citoyens de protestation tel que « Y en a marre » (au Sénégal) ou « Balai citoyen » (au Burkina Faso) ont fait tache d’huile, c’est qu’ils ont su utiliser opportunément les médias sociaux et ainsi en tirer profit. L’intérêt des réseaux sociaux c’est la capacité à créer une mobilisation de masse, et leur succès vient de là ! On a vu les conséquences : l’ampleur des manifestations qui ont suivi.

Ce qu’il est important de souligner, c’est que, tant que les cris ne se font pas dans les rues, mais seulement sur les murs de Facebook, ces protestations confinées à l’espace virtuel compteront pour du beurre. Nos Gandhi du web, ont beau poster, liker, partager, aucun impact majeur ne se fera sans une lutte concrète à la Thomas Sankara, et nos activistes resteront assimilables à des tigres de papier.

Capture d’écran
Post Facebook

Les faits le démontrent : au Mali, la grève des agents de la santé et des enseignants, qui dure depuis plus d’un mois, fait planer une perspective « d’année blanche » (année non valide pour les lycéens et les universitaires). Nos braves sont restés de marbre dans la vie réelle, alors qu’ils étaient pourtant actifs sur le réseau de Mark Zuckerberg.

Capture d’écran
Post Facebook

Le problème c’est que vider son sac sur le web répond plus à un besoin d’auto satisfaction qu’à une réelle volonté de changement, parce-que les mots ne sont pas liés à des actions, donc rien de concret. Quels desseins poursuivent donc ces mouvements ?  Faire du buzz ?  Obtenir une certaine notoriété ? Se positionner sur une courte échelle menant à la richesse ?

Pourtant, au Mali, les défis sont énormes : l’accès à l’eau potable, l’insuffisance et l’inefficacité des structures de santé, le manque d’emplois, la corruption, le banditisme, l’insécurité, la prostitution, les groupes armés et la rébellion au Nord du pays. L’injustice, un service public défaillant…  ces problèmes infestent l’air de mon pays.

Et le changement se fera encore attendre tant que les Diaba Sora, Gaspi seront considérés uniquement comme des e-influenceurs.

Capture d’écran – Diaba Sora Facebook

Parce-qu’aujourdhui les contenus éducatifs sont  toujours dédaignés, et ce sont les potins, les images à caractère sexuel qui font le buzz, bien plus que la grève des enseignants ou que le problème de la hausse du prix des vivres.

[1] Groupe d’amis qui se retrouve régulièrement autour d’un thé


Qu’est-ce qu’un politicien ?

Est-ce celui qui se met au service du peuple ? Ou qui se sert du peuple ?

Notre compréhension des choses peut dépendre de notre éducation, de nos expériences, de notre statut social ou même de notre environnement etc.
Pour le citoyen lambda, ou l’intellectuel, est-ce que le politicien représente la même chose ?
Car trop souvent on en parle avec une connotation de trompeur, menteur, d’opportuniste.
Alors, en vérité qu’est-ce qu’un politicien ? Qu’est-ce que la politique ?

Le politicien dans la pensé de Machiavel

Un petit saut dans le passé pour comprendre ces concepts.
J’interrogeai Machiavel qui a produit une œuvre exceptionnellement riche et singulier sur la politique.
Selon lui la politique n’est autre qu’une question de pouvoir, donc il faut savoir l’obtenir,le conserver et aussi maintenir l’ordre social.
Afin d’y parvenir il faut la sagesse et la sagacité d’user selon les besoins et les circonstances de la ruse, de la violence, du mensonge ou tout stratagème possible.
Au-delà de toute considération religieuse, morale ou éthique, le but étant d’arriver à ses fins par tous les moyens possibles.

La politique d’apres un citoyen illetré

Machiavel me semblait trop machiavélique, alors je me retournais vers le boutiquier du quartier. Un monsieur ouvert, qui s’informe régulièrement sur les radios, son grand regret est qu’il est illettré.
Pour lui et comme des milliers d’autres,le politicien est assimilable au sophiste au temps de Socrate. Il a la langue habile, il est exempt de moralité, prêt à tout dans l’atteinte du pouvoir.
Et la politique n’est pour eux qu’une courte échelle qui mène à la richesse, à la notoriété aux délices du pouvoir. Et le peuple rien que du bétail électoral Certains des presidents africains illustrent bien les propos.

Corruption, fraudes electorales, les detournement de fonds comme avec Jacob Zouma, des dictateurs comme Moussa Traoré au Mali, Laurent Bagbo qui a sacrifié la vie des citoyens dans une guerre civile pour le pouvoir.

Le politicien du point de vue d’un intellectuel

L’homme politique a des aspirations grandes et nobles pour le pays, c’est celui qui défend une idéologie et a un projet de société, un plan d’avenir, il cherche le pouvoir afin de gouverner et mettre à exécution son programme.
Même si souvent ils ne pensent qu’à eux-mêmes dans les faits.D’après les mots d’un professeur de lycée Alassane

Que pensent les politiciens d’eux mêmes

Un élu de ma commune me confia que la politique c’est gouverné, c’est trouvé des solutions aux problèmes du pays en vue d’y amener le bonheur et la croissance économique. En bon politicien, c’est cela leur combat, leur dessein, et bec et ongle ils s’y investissent pour l’intérêt commun.
Et puisqu’il s’avère impossible de satisfaire tout le monde, ils sont souvent vilipendés, victimes de calomnies, accusés à tort d’inaptes.

Pour le CNRTL (Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales)

 » le politicien est celui qui s’occupe de la vie politique ». « La politique est ce qui est relatif aux affaires de l’Etat et à leur conduite ».

Alors, on peut dire que la politique assure l’organisation et la gestion du pays sur tous les plans comme la sécurité, l’économie, l’éducation, la santé etc.
Elle assure aussi la paix, la cohésion sociale, le bien-être, le développement et l’épanouissement des citoyens. Le politicien est celui qui se consacre à cette tâche.

Et si les politiciens sont vus d’un mauvais œil pour beaucoup, c’est uniquement dû à leurs comportements avant et après les élections, les fraudes électorales,  le non-respect des promesses de campagne, la corruption,l’absence de redevabilité et de transparence dans la gestion du pays.
De telles attitudes qui entachent la politique, décrédibilisent les politiciens, et augmentent le taux d’abstention lors des élections.

Comme le montre la politique de nombreux Etats africains, corruption, coup d’Etat, dictature, guerre civile…