Makaveli

Au Mali, la révolution passera par la culture

Le militantisme à l’ère du numérique se fait à coup de hashtags. L’impact réel de ces actions cybernétiques reste volatil et discutable, leur portée virtuelle ne dure que le temps d’un buzz. Le cyberactivisme peut conduire à des soulèvements, mais pour une transformation profonde de la société, la culture est la voie incontournable.

L’accès à Internet a ouvert un espace de liberté d’expression. Très vite, les réseaux sociaux, en plus de rapprocher les gens, sont devenus un outil de suivi, de contestation et de dénonciation de la vie politique. Les web activistes se sont multipliés, de nombreux médias en ligne qui informent les citoyens sur l’action gouvernementale sont nés. Ces informations rendent les citoyens plus alertes sur les questions politiques.

L’activisme web, s’il peut conduire à des soulèvements, est à lui seul inefficace pour une transformation profonde du Malien tant le mal est profond. L’incivisme, l’impunité, la corruption, la perte des valeurs, la précarité etc. se sont profondément enracinés dans les habitudes.

La révolution dont le Mali a besoin est humaine et n’est possible que par la culture. La culture permet une transformation profonde, durable et pacifique de l’homme. L’art et la culture touchent à l’essence même de l’homme à travers la beauté et la subtilité des messages qu’ils véhiculent, alors que l’activisme se borne à des discours contestateurs et descriptifs. La culture, par son riche contenu ludique et éducatif, peut participer à l’éclosion d’un Malien intègre, courageux et patriote.

Alors que la sexualité était un sujet tabou, en 1990 le groupe de théâtre Nyogolon, avec le spectacle kulu si diala a su faire comprendre subtilement aux Maliens les méfaits du SIDA tout en les sensibilisant aux moyens de prévention. Les films comme Bah ni Batrou, Baara ont décrié les tares et les dérives du Mali d’après l’indépendance et incité à la révolution.

Notre culture délaissée est riche d’outils nécessaires à l’éducation et la transformation sociale. En voici quelques-uns :

Le nyogolon : il passe par l’humour pour traiter des questions brûlantes de la société, le nyogolon permet de dire, dénoncer, valoriser les choses sans offenser et toucher à la sensibilité des personnes.

Le koteba : ou théâtre, met en scène des faits sociaux. Sensibilise et informe sur les marches à suivre dans la société. Dénonce et rejette les manquements des politiques ou des citoyens. Tout comme le Nyogonlon le koteba est une invitation à réflexion, l’introspection et à l’action.

Zirin : Mana pour les plus âgées, sont des histoires réelles ou imaginaires qui contiennent des leçons de morale. Les récits amènent la réflexion, sur soi, sur le monde, le bien, le mal, la vie en société, le travail, les questions existentielles etc. il transmettait notre philosophie de la vie, notre sagesse ancestrale.

La musique : au-delà de sa fonction distractive, elle incite à l’intégrité, l’honnêteté. Les chants exaltent les hauts faits, les actes de bravoure. Dépeint les personnalités comme des modèles dans la société. Elle fait rêver et remplit de nobles ambitions les cœurs des jeunes, tout en prodiguant de bons conseils.

Il y a aussi les danses, les n’talé ou devinette, le poé ou poésie, les masques, ils sont notre héritage culturel à mettre à profit dans l’édification du nouveau Mali. Les griots, les koroduga ou les bouffons, les personnes âgées, sont des ressources inépuisables pour harmoniser et pacifier notre société.

Ces ressources culturelles sont efficaces car ils rassemblent le peuple au-delà des différences ethniques, religieuses etc. La culture et l’art ne connaissent pas de frontières, ils sont l’expression de l’unité dans la diversité.

La culture touche à l’imago, au subconscient, au cœur, pour réveiller la volonté d’agir. Elles poussent les gens à donner le meilleur d’eux-mêmes avec enthousiasme. L’art et la culture parlent aux plus jeunes comme aux personnes âgées. Elles touchent aux hommes instruits qu’aux non instruits.

L’union de la culture et de la technologie permet de conserver et de perpétuer ce qu’il y a d’instructif et de précieux dans notre culture. Elle permet aux jeunes de connaitre leurs histoires et d’assimiler les valeurs ancestrales qui font le Malien : intégrité, travail, honnêteté.

Nous devons trouver l’astuce pour conjuguer Internet avec notre culture pour éduquer, conscientiser la population, pour créer le Mali dont nous rêvons. Vivement des médias à la fois éducatifs et culturels pour un nouveau Mali.


Chez moi on ne lit pas

Nous avons besoin de lecture pour décadenasser les esprits, pour déchainer l’intelligence collective et mobiliser les forces actives du peuple.

Chez moi on ne lisait pas. Nous sommes le peuple de l’oralité. La parole est le savoir, les vieillards, les griots en sont les dépositaires. De bouche à oreille, on véhiculait les connaissances.

Chez moi on n’a pas écrit. À la mort de chaque vieillard, c’est une bibliothèque qui se carbonisait. Nous avons perdu nos savoirs, car nous n’avons pas confié leur pérennité à la mémoire des livres.

Chez moi on ne lit pas. Quoique tous les savoirs de l’humanité soient consignés dans les livres. Chez nous, les livres sont aussi éludés que nos totems. Comme si feuilleter un bouquin apportait une malédiction. Nous sommes dans l’inconscience des mirobolantes richesses enfouies dans les livres.

Livre
Livre Pixabay Image

Chez moi on ne lit pas, car on n’écrit toujours pas de livres. Écrire c’est prêcher dans le désert, parce que mes frères et sœurs abhorrent les plaisirs livresques. On n’écrit pas car les livres ne sont pas rentables. Aussi, parce que l’anonymat et le piratage ont assassiné nos auteurs.

Chez moi on ne lit pas parce qu’on ne rêve plus. La précarité et les dogmes ont écourté notre vision de la vie. Un petit boulot, un mariage, une maison et une voiture sont la finalité de notre existence. Lire nous semble superflu.

Chez moi on ne lit parce que nous ne voyons personne le faire. Nos bibliothèques ont toujours été désertiques. Nous sommes une génération de philistins, infectée par la bibliophobie, condamnée à être en marge de l’Histoire universelle.

Lecture
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Chez moi on ne lit pas car nous sommes très pauvres. Mais ce n’est pas parce qu’on est pauvre que nous ne lisons pas, nous sommes pauvres parce qu’on ne lit pas.

Chez moi on ne lit pas, parce que nous sommes perdus. Telles des brebis égarées, nous ne savons plus où aller. Nous souffrons de l’ignorance, la mère de tous les maux. Et notre salut se trouve entre les lignes.

Chez moi, nous sommes riches de nos ressources naturelles mais nos populations sont dans l’indigence. Parce que les vraies richesses sont les cerveaux qui transforment nos ressources matérielles pour le bien général.

Chez moi, nous sommes dépendants des oboles de l’aide étrangère. Nous sommes condamnés à être remorqués et spoliés par les autres, car ils lisent plus que nous.

Aucun pays ne s’élève sans les livres. Individuellement comme collectivement, on ne grandit vraiment que par le nombre de livres que nous lisons.

Lecture
Lecture Pixabay Image

Chez moi nous sommes pauvres car les riches ont des bibliothèques que nous ne fréquentons pas. Parce que le pouvoir est le savoir, et les savoirs sont dans des livres.

Chez moi c’est la nuit de l’ignorance, où souffle les vents de la précarité. Le cerveau atrophié par la paresse intellectuelle. Le ventre ballonné par la sous-culture, à force de s’ingurgiter les couleuvres qui passent sur les écrans.

Chez moi on a besoin de livre parce que nous ne souffrons ni de la corruption, ni de la guerre, ni de la mauvaise gouvernance, ni de la famine, mais de la précarité intellectuelle et de l’acculturation.

Nous avons besoin de lecture pour décadenasser les esprits, pour déchaîner l’intelligence collective et mobiliser les forces actives du peuple.


Mali : la guerre des politiques n’aura pas lieu

Depuis 2012 le Mali est assis sur la margelle d’un puits, obligé de renaître et ou de disparaître dans le gouffre. Le Nord sous l’emprise des bandits armés, le centre embrasé par le feu d’un conflit communautaire qui menace de calciner tout le pays. Au Sud les tiraillements, et rivalités puériles d’égoïstes politiciens précipitent le pays dans le schisme et le précipice.

 

« À deux mois des élections, les débats politiques étaient détournés de l’essentiel, et les germes d’une crise électorale étaient semés en plus de l’insécurité et des problèmes économiques qui régnaient dans le pays. A ce moment-là, la jeunesse malienne fut appelée d’une seule voix à une concertation nationale avec toutes les forces vives de la nation pour décider du sort du Maliba. Pour retrouver notre unité perdue.

Ils étaient tous là, les politiciens de l’opposition comme ceux du parti au pouvoir, les leaders religieux, la société civile, les chefs coutumiers, bref… Tous les représentants de la mosaïque cultuelle, religieuse et ethnique du Mali. Tous réunis au carré des martyrs a Niarela, pour la grande concertation nationale.

Je crois que l’esprit de Modibo Keita planait dans les airs. Le Mali a écrit un nouveau kurukan fuga, une charte qui redéfinit la citoyenneté, qui promeut les valeurs de la solidarité, du respect, de la citoyenneté, de l’unité. Chacun a reconnu ses torts, ses responsabilités, dans cette crise que connait le pays. Mais l’heure n’était pas aux récriminations. Ensemble ils avaient tous décidé de regarder devant, de penser à demain. Tous étaient résolus à dépasser les considérations personnelles pour la patrie.

Les Maliens comprirent que la paix, la prospérité et la stabilité du pays comptaient plus que tout. On décida de reporter les élections. Pour la première fois fut porté à la tête du pays un Mah kôrô, le chef coutumier de la région de Kidal. Il avait été choisi à l’unanimité par l’ensemble des autorités coutumières pour assurer la transition jusqu’au retour de paix.

Les milliards détournés selon le rapport du vérificateur général en 2017 furent retrouvés. On vendit aux enchères les biens des coupables pour contribuer à l’effort de guerre. Nos généraux sortirent de leur torpeur. Un fort contingent de vaillants militaires lourdement armés par ce qu’il y a de meilleur en matière d’armement et assistés par des drones nettoyèrent le nord de tout ce que nous appelons terroristes, bandits armés, ou rebelles.

Tous les partis politiques mirent leurs fonds de campagne électorale dans l’agriculture. Le but : soutenir nos cultivateurs en cette période hivernale, afin d’assurer notre sécurité alimentaire. Il n’y aura plus jamais de riz asiatique dans les assiettes des Maliens.

Pour financer l’éducation, les salaires du président des ministres magistrats fut réduit de 5%. Des bibliothèques ont été construites dans chaque quartier, ainsi que des centres éducatifs et culturels pour chaque commune.

Le Mali demanda à toute la diaspora de rentrer pour apporter son savoir à l’édifice national. Des startups, des entreprises, des labs furent crées. Des grands projets ambitieux furent initiés pour transformer 50 % de la production nationale du coton. Dorénavant les bazins et les wax made in Mali étaient disponibles. Le Mali devint le premier pays au monde producteur d’énergie solaire.

En trois mois, les FAMAs prirent le contrôle définitif du Nord et sans l’aide de la MINUSMA. De nombreux camps militaires furent créés du Centre au Nord du pays. C’est grâce à cette accalmie que les élections s’organisèrent, sur la base du « horonya » et du « Dambé » et sans la participation des anciens acteurs politiques.

C’est comme ça que le Mali devint un modèle de paix et de démocratie pour le monde, par les forces de notre traditionnel « sigi ka kuma », concertation. Des efforts ont été entrepris pour améliorer le secteur de l’éducation, la santé, la justice.

Les Maliens, au-delà de leurs divergences, ont su déjouer les entourloupes des politiciens, et relever les défis du destin. Tous ont compris que nous avons un destin commun, et que c’est à nous de le construire ensemble. Maintenant nous savons que l’intérêt général fait le bonheur de tous. Le Mali ne peut être que ce que nous en ferons. Nous pouvons, devons tous quelque chose à ce pays.

Aujourd’hui, à l’appel de la patrie, nous répondons présent. Aujourd’hui « les cœurs vibrent de confiance, les champs fleurissent de confiance ». Aujourd’hui nous sommes « un peuple, un but, une foi ». »

 

Bamako, 03 juin 2018. Les hallucinations d’un blogueur névrosé.


Mali : La numérisation des services publics

Avez- vous déjà dépensé plus de temps que nécessaire pour un papier dans un service public ? Il vous est arrivé de ne pas savoir ou aller faute d’information pour des documents administratifs ? Il est aussi probable que l’on vous a réclamé des pots de vin, pour hâter le traitement de vos dossiers ? Afin d’éviter tous ces désagréments, la transition vers la e-gouvernance est incontournable. Internet peut insuffler la rapidité et le dynamisme nécessaires à l’amélioration du service public malien, au grand bonheur des citoyens.

3 trois mots caractérisent les services publics au Mali : lourdeur, lenteur, corruption. Mais avec la magie d’ internet, nous pouvons permettre aux citoyens d’accéder aux services administratifs en ligne, à travers leurs téléphones, ordinateurs ou tablettes, n’importe quand et n’importe où.

Oui payer ses impôts et taxes, refaire sa carte d’identité, demander un certificat de nationalité, c’est possible en ligne. La numérisation a l’avantage d’apporter simplicité, rapidité, accessibilité et économie.

Aujourd’hui avec les services de paiement mobile, nous réglons nos factures d’eau et d’électricité avec nos téléphones : plus besoin de faire de longues files d’attente. La même chose est possible pour les services de l’Etat, qui de nos jours prennent un coup de vieux : ils sont surpassés par l’accroissement démographique et à des années lumières des avancées technologiques.

Opter pour la numérisation des services publics aura pour avantage de rendre:

Les services accessibles a tous 

La numérisation de l’administration sera un pas de plus pour la décentralisation. Plus besoin de se déplacer, même dans les régions reculées, elle rendra les services publics accessibles. Les citoyens auront également directement accès aux informations nécessaires pour leurs démarches administratives, ce qui permettra un gain de temps et d’argent.

Rapidité, productivité et efficacité  

Plus de longues files d’attente, plus de retard dans les délais. Le gros du travail sera effectué par des machines, ce qui réduira le volume de travail des fonctionnaires, leur permettant ainsi de s’atteler à d’autres occupations, d’être plus productifs et efficaces.

Lutter contre la corruption

Avec les services en ligne, toutes les transactions financières seront tracées et suivies. La traçabilité réduit toute possibilité de détournements de fonds, ou de demande de pots de vins. Numériser l’administration public, c’est aussi freiner la corruption qui est l’obstacle majeur à notre émergence. En 2017, 70 milliards avaient été détournés des caisses de l’Etat, selon le rapport du vérificateur général.

Suivre le travail des fonctionnaires

Les retards et les absences sont fréquents dans les lieux de travail, car les mécanismes de suivi sont inefficaces. Avec le numérique, il est plus simple de suivre et d’évaluer le travail des agents. Cela permettra de récompenser ceux qui travaillent le plus et de prendre des mesures dissuasives contre ceux qui font moins.

Faire des économies

L’Etat fera des économies sur les tonnes de papier utilisé chaque année. Internet facilitera le partage d’information et les communications entre les services, par visioconférence, par exemple. Avec la réduction de la corruption, l’Etat observera une hausse de ses recettes. D’ici 2020 le Maroc mettra 50% des démarches administratives en lignes pour ses citoyens. Ça reste possible pour nous aussi au Mali.

La numérisation de l’administration créera de l’emploi pour les jeunes, les inciteront à développer des start-ups pour innover et mieux répondre aux besoins des populations.

Interconnectivité entre les services

Internet facilite l’archivage et la sauvegarde des données avec les stockages sur le cloud. Mais il permet aussi à des services d’échanger facilement les informations, de construire et d’avoir accès à des bases données utilisables dans les domaines de la sécurité, de la santé, de l’éducation publique etc. Exploitées, ces données permettront des progrès dans chacun de ces secteurs.

Réduire le coût, améliorer la qualité et étendre le couverture d’internet dans tout le Mali doit être au cœur de toute politique de développement, même si des sujets comme l’éducation, l’emploi, la santé, l’énergie ou le terrorisme peuvent sembler prioritaires sur les questions de transition vers le numérique.

A noter que, ces dernières années, à l’instar des autres pays africains, le Mali connaît des avancées en matières des TIC. Devenu incontournable aujourd’hui, le numérique peut stimuler et propulser l’essor économique et humain du pays, et faciliter la vie des milliers de citoyens.

 


Mali : le pays des petits arrangements


Au Mali, tous les problèmes et infractions se règlent à l’amiable… soit par l’intervention d’une personne importante, soit par des dessous de table etc. On se demande alors à quoi cela sert d’avoir des lois ! La loi, elle est faite pour qui ? Si tous, par nos statuts sociaux et nos relations, nous outrepassons les lois censées assurer la cohésion sociale, la justice, et l’égalité dans notre pays… alors à quoi servent les règles ?

On peut dire que le Mali est une grande famille, une société qui, dans ses traditions, brise les barrières des différences et rejette au loin l’individualisme. Que ce soit par le cousinage à plaisanterie, ou la charte du Mande, tout est fait pour unifier et consolider le peuple.

La solidarité et la communication sont un des principaux traits du peuple malien. Cela a donné naissance a cette particularité que les Maliens ont d’arriver à résoudre leurs différends et leurs litiges, avec les seules forces du sigi ka fô (ou la concertation). Peu importe les malentendus ou les problèmes, avec l’intervention des personnes âgées, des autorités coutumières ou religieuses, on trouvera toujours une solution à l’amiable.

Avant la colonisation, les griots, mais aussi les autorités coutumières et religieuses, jouaient le rôle de « cadi », de régulateur de la société. Leurs verdicts ou leurs décisions au sujet des querelles étaient respectées, à défaut de s’attirer l’ostracisme de toute la communauté.

Avec l’indépendance et l’avènement de la démocratie, les coutumes, les règles sociétales et les autorités coutumières ont été supplantées par des juges, la Constitution et l’Etat. Avec cette nouvelle configuration l’application stricte de la loi reste la condition sine qua non d’une société juste et égalitaire.

Malheureusement les interventions de personnes influentes pour résoudre des différends est devenu un moyen pour déroger à la loi, qui n’est ainsi plus respectée. L’application de la loi est problématique au Mali : tous cas d’infractions, d’écart de conduite, se règlent par des solutions à l’amiable, des petits arrangements, qui nous prémunissent des décisions judicaires. C’est ça la réalité de la justice malienne.

Tout se négocie au nom des affinités. Les exemples sont nombreux, un parent qui intervient pour négocier l’admission de son fils à un concours, un accident de la route que l’on règle par l’argent,sans passer par la justice, ou encore le fonctionnaire qui détourne les fonds de l’Etat sans aucun risque de poursuite, et aussi l’automobiliste qui ne se met pas en règle car il connait des personnes influentes, et pour d’autres ce sera la même chose en cas de vols, de violences ou même de viols. L’intercession de personnes influentes, d’une autorité, ou même de quelques billets suffisent à freiner l’application de la loi.

Cette formule qui existait auparavant pour résoudre les querelles sociales, héritée de notre tradition, est devenue aujourd’hui anachronique. Même si cette forme de médiation était positive, car elle avait l’avantage de pacifier la société en incitant à la communication et en encourageant l’indulgence, le Mali ne peut plus fonctionner ainsi. Les temps ont changé, la société n’est plus la même. Cette formule autrefois positive s’est transformée en une incitation à déroger aux règles et à la loi et donc à créer des inégalités et de l’injustice. Elle favorise l’impunité, obstrue l’application de la loi, et sape l’autorité de l’Etat. En 2017 selon rapport de vérificateur général, 70 milliards, ont été détourné des caisses de l’Etat !

Autrefois la population respectait les cadres de la société, le décorum : personne ne voulait être la risée de la communauté ou entacher le nom de sa famille d’une quelconque vilénie. La plus grande richesse de chacun c’était son honneur. Mais les temps ont changé, sans une application effective et impartiale de la loi, point de société juste et prospère.

Les plus grands maux du Mali sont la corruption et l’impunité. Il est temps de faire la part des choses : suivre les traditions tout en respectant la loi et veiller à son application. Cette utilisation erronée de nos coutumes ne nous ressemble en rien. L’application de loi doit prévaloir sur les traditions, elle doit s’appliquer à tout le monde, sans différence de considération.